• Zéro déchet... et demi

    En mai et juin 2015, j’avais fait une formation en Gestion et Valorisation des Déchets – GVD pour les intimes. Je m’y suis beaucoup ennuyée. Mais j’en ai quand même tiré quelques points intéressants…

    (La formation est assez ciblée Belgique et même région wallonne. Certaines choses valent pour d’autres lieux plus ou moins proches mais pas toutes…)

    • Relativiser !

    Alors, je sais : le colibri, la goutte d’eau… moi aussi j’ai lu Pierre Rabhi. Bien entendu, chaque petit effort mis bout à bout, ça fait beaucoup. Mais on va pas se mentir. La priorité a été mise sur les ménages. Alors que… tadam, les entreprises produisent beaucoup, beaucoup, beaucoup… plus de déchets. Progressivement, les entreprises vont être obligées de se mettre aussi au tri et au recyclage. Le bon point de cette méthode c’est que les mentalités ont évolué depuis la mise en route du tri des déchets. Le mauvais point c’est que toutes nos gouttes d’eau mises ensemble ne sont… encore que des gouttes d’eau.

    • Déculpabiliser !

    Les déchets « autres » – non recyclables, non réutilisables – sont en fait très bien gérés : ils sont incinérés avec valorisation énergétique. Avec valorisation énergétique ! On produit de l’électricité en cramant nos poubelles. Ainsi que les boues d’épuration. Les encombrants. Et puis les déchets médicaux ! (Que les microbes soient cramés, ça a vraiment du bon.)

    N’y voyez pas une invitation à produire des déchets à tire-larigot. Parce qu’en fait, on a bien assez de déchets pour faire tourner l’incinérateur. D’autant qu’à l’occasion, ça serait pas mal de s’occuper des anciennes décharges qui ont été faites n'importe comment. Et puis, faut pas oublier que construire un incinérateur réclame des moyens, des ressources, de l’énergie. Donc un pour une région donnée, c’est utile. Plus, c’est absurde.

    De cette combustion, ressortent :

    • Des mâchefers (et ça c’est utile ! les métaux sont sortis du lot et recyclés et le reste sert à faire des matériaux de constructions très solides, sous-fondation, fonds de route… – forcément ils sont toujours là après être passés par les feux de l’enfer !)

    les feux de l'enfers (dans le four)

    L'image vient d'ici.

    • Des refioms qui résultent du nettoyage des fumées (la part toxique pas cool, limitée du coup à un très petit volume proportionnellement, mais au total, ça fait beaucoup... Ces déchets sont confinés et enfouis avec beaucoup de précaution.)
    • De la vapeur d’eau.

    (Plus d'infos sur le site de l'incinérateur que nous avions visités.)

    Personnellement, j’avais encore l’idée obsolète des décharges. Je pensais que ça avait un sens d’utiliser des sacs en plastiques biodégradables. Ça a un sens si on les met au compost. S’ils servent pour ranger les déchets dans la grande poubelle, ça n’est vraiment pas primordial.

    Par contre, ce qui serait bien, c’est de limiter (en amont) les déchets qui produisent des vapeurs toxiques et donc des refioms. (Concentrés et confinés, ça reste mieux que répartis en décharge, qu’abandonnés, etc.) Je manque d’infos sur ces déchets mais il y a, entre autres, ceux qui n’ont pas été triés : les piles, les batteries, les ampoules, les néons, les déchets dangereux … qui auraient pu être recyclés ! D'où l'importance du tri !!!

    • Les priorités : l’échelle de Lansink

    Les 3 premiers échelons (du haut) correspondent aux « 3 R ». Réduire, réutiliser, recycler. Certains considèrent que le compost relève du recyclage, d’autre le voient comme un autre échelon.

    Zéro déchet... et demi

    L'image vient de . (C'est, je trouve, la meilleure illustration de cette échelle!)

    C’étaient les échelons sympas.

    Puis, vient la solution la « moins pire » : l’incinération avec valorisation énergétique.

    Ensuite, viennent les solutions pourries qui ne devraient plus exister sauf exception : l’incinération sans valorisation et les décharges.

    Je trouve que cette échelle est utile à tout niveau. Y compris pour les choix de consommation.

    • Un point de vue global...?

    C’est loin d’être facile parce qu’on ne connaît pas tous les paramètres. Mais ne prendre en compte que la question des déchets est, d’après moi absurde. Il faut prendre en compte ce qui est en amont : l’énergie et le processus pour produire la matière, l’objet, la rareté ou pas des matières premières… puis le traitement possible en aval et ses conséquences.

    Par exemple, si un produit coûte plus en énergie, eau, etc. à recycler qu’à produire puis brûler, faut-il vraiment privilégier le recyclage à tout prix ?

    De la même manière, je suis horripilée quand on se pose juste la question de sa consommation personnelle d’eau (je veux dire « à la maison »). Si j’utilise plus de choses réutilisables, je consomme « plus » d’eau (à mon compteur) que si j'utilisais plus de jetable, mais au total j’en consomme moins (parce que généralement l’objet jetable consomme de l’eau pour la production, puis pour le traitement du déchet…) - mais ça n'est pas au niveau de mon compteur que ça se calcule.

    Personnellement, je trouve qu’on manque d’études sur une prise en compte globale des paramètres (consommation en eau, énergie, matière première, réutilisabilité, recyclabilité, compostabilité, impact lors de la combustion…) – mais vous qui passez par là, si vous en connaissez, n’hésitez pas à faire signe dans les commentaires !

    • Une nécessaire créativité

    Parce qu’il y a des choses à inventer ! à partager, à exporter, à adapter, …

    Par exemple, l’upcycling se développe mais j’ai l’impression qu’il s’embourgeoise. Concrètement, le resserrement des normes et du suivi des déchets est important… Mais concrètement, si on veut trouver 3 palettes pour faire une armoire, on galère de plus en plus. Du coup, ce sont des sociétés d’upcycling qui récupèrent les palettes en question (avec suivi des déchets puis la « fin du statut de déchet »). Et qui font des beaux meubles chers. Pour ceux qui ont le choix, économiquement parlant, pourquoi pas. Pour ceux qui essayent de vivre sereinement une sobriété obligatoire, ça se passera chez Ikea. (Bref… cela renvoie à une autre réflexion que je voudrais écrire une prochaine fois.) Faut-il alors organiser un marché noir de palettes ???

    • En conclusion...

    J’ai surtout écrit ce texte parce que j’observe une énorme culpabilité dans les milieux « écolo », « bio », « green »*. Culpabilité observée en moi-même. Culpabilité ressentie par ceux et celles qui voudraient faire plus. Culpabilisation mise en œuvre par ceux et celles qui « font mieux que les autres ». Les végétarien-ne-s grondent les flexitarien-ne-s mais les végan-e-s leur font la leçon ensuite. (Sans parler de Nicolas H qui observe le Titanic depuis son hélico !)

    * Quelques exemples de cette ambiance (avec différentes manières de se positionner) ici, ou , et c'est bien illustré par Cy ici (même si ça parle de Nicolas).

    Une responsabilité trop grande est une responsabilité écrasante et elle paralyse plus qu'elle ne pousse à l'action.

    Le colibri n’est pas supposé transporter autant d’eau que le toucan - si le toucan voulait bien se décider (d'où je trouve quand même la pétition de Nicolas pertinente, parce que visible, même si je reste pas fan de Nicolas).

    Faisons notre part, détendons-nous et soyons bienveillants avec nous-mêmes.

     


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